En ce dimanche 19 mars, à Saint-Julien du Tournel, 22 Randonneurs de la Fare ont choisi de suivre Emile Reversat, éminent spécialiste de la région, pour en apprendre plus sur la Baronnie du Tournel.
Du 12° au 18° siècle, en effet, le blason "De gueules à la pointe d'argent" des Seigneurs du Tournel a dominé les terres qui vont du Sauveterre à Villefort et du Goulet au Bougès.
Nous nous rendons d'abord à l'église, mentionnée dès 1229, dans laquelle les Seigneurs du Tournel se sont faits enterrer jusqu'au 15° siècle.
Outre son imposant "clocher-mur", elle a toutes les caractéristiques romanes. Elle possède, sur le maître-autel, un retable en bois peint du 17° siècle et, dans le chœur, une peinture murale des 17° et 18°.
Le village reste très pittoresque avec quelques traces caractéristiques de l'architecture d'autrefois.
Nous descendons vers le Lot et son alignement de jardinets "corsetés" dans des murets de pierres.
Le mur de pierres sèches qui nous accompagne à la sortie du village est impressionnant ...
... et c'est du bel ouvrage !
La départementale franchie, les choses sérieuses commencent avec les premières pentes de "Coste-Roubal", contreforts de la Montagne du Goulet.
Et là, dans un virage, une tache de couleur ...
... nos premières jonquilles, il est vrai que demain, c'est le printemps !
Nous arrivons bientôt en vue de la ferme de Lavignolle.
Partiellement rénové, l'édifice est typique des constructions en schiste de la région.
Nous reprenons notre ascension en gardant un œil sur la vallée du Lot ...
... et sur les mille détails qui nous entourent.
Soudain, à un détour de la piste, le but de notre randonnée nous apparaît, voici, majestueux, le Château du Tournel.
Nous passons Malmont et son joli clocher de tourmente ...
... et, le temps de nous attendrir sur ce nouveau-né, nous commençons à descendre vers le château.
Il est vrai que nous sommes en terre d'élevage.
Mais, Suisse ou Lozère ?
Nous y sommes, voici le premier "Castrum" des Seigneurs du Tournel dominant le Lot sur son éperon schisteux.
Mais auparavant, nous nous installons en terrasse pour déjeuner, l'apéritif sera servi dans un instant, merci Bernard et Milou.
Après les derniers "réglages techniques", nous repartons.
Un peu plus bas, nous voici sur un promontoire, où certains se reposent (encore !) ...
... tandis que les autres font un tour d'horizon ...
... et saisissent d'emblée l'importance stratégique de cet emplacement qui permettait de verrouiller la "calade" venant de Mende et la Via Soteirana, sur l'autre versant.
Le contrôle du passage entre Mende et Villefort, outre ce qu'il pouvait rapporter en redevances, explique aussi les querelles incessantes, parfois armées, avec l'évêque de Mende.
Nous descendons visiter le château et pour aider le lecteur, voici un petit schéma que nous devons à Isabelle Remy, titulaire d'un DEA sur le site.
La construction est faite de blocs de schistes reposant sur le rocher et jointés parfois de manière grossière. Pour rattraper les niveaux et consolider l'ensemble, la technique "en épis" (Opus spicatum) ou "en arête de poisson" a souvent été utilisée.
Comme les visiteurs d'autrefois, nous abordons l'édifice par sa face nord en passant sous les murs de la chapelle et du logis. Ce dernier supportait un hourd (terrasse couverte en bois) accessible depuis la porte visible sur la façade.
Après avoir gravi les escaliers, nous voici sur la place avec ce qu'il reste de la Chapelle Saint-Pierre, autrefois édifice à deux étages, ...
... et du logis très rustique. Ces deux constructions peut-être antérieures au 12° siècle sont les plus anciennes du château.
Derrière nous voici le donjon flanqué de sa tourelle d'escalier. Cet édifice de trois étages, surmonté d'une terrasse, date du 13° siècle et venait affirmer la puissance de la Maison du Tournel.
Construit au moment de la Guerre de Cent Ans, comme la Tour nord-est, le réduit avec ses murs de 1,70 m était le dernier lieu de défense de la garnison.
Composé de deux étages et d'une terrasse sommitale, la seule entrée était protégée par une "bretèche" (petit ouvrage de défense en encorbellement le long d'une muraille) dont les trois corbeaux sont encore visibles en haut de la tour.
Pour décourager les assaillants, les niveaux n'étaient accessibles qu'avec des échelles, par des trous d'hommes.
Enfin, au sud de l'éperon, dominant le Lot nous voici devant la tour de surveillance. Ce bâtiment autrefois à deux étages a été transformé en habitation.
Nous allons ensuite descendre visiter le village primitif dont les ruines s'étalent en éventail le long de la voie charretière reliant Mende à Villefort. Ce village, battu par les vents et peu confortable, a été déserté dès le 14° siècle et abandonné en 1930.
Au passage, nous nous arrêtons devant le "rocher aux cupules". Ces neuf trous circulaires sont peut-être l'oeuvre de l'érosion du schiste.
Mais il est grand temps de repartir et c'est avec regret que nous entamons notre descente vers le Lot.
En jetant un dernier coup d'œil aux ruines qui nous dominent, nous comprenons mieux ce qui fait l'attrait de ce château. Outre son site c'est son aspect rustique qui fait son charme. Abandonné dès le 14° siècle par les seigneurs au profit du Boy, il n'a pas connu les améliorations de confort de la fin du moyen-âge. Il est resté dans son "jus", avec ses murailles épaisses, ses meurtrières et ses salles austères, c'est un vrai château-fort comme dans nos lectures d'enfant.
Nous arrivons à la rivière que nous franchissons sur une passerelle "d'aventuriers".
Il nous faut maintenant remonter sur les contreforts des Monts Lozère.
Les rencontres sont étonnantes comme ce rocher qui tient vraisemblablement par habitude !
Elles sont aussi odoriférantes et délicates comme ce "Bois-joli" ...
... ou ces crocus.
Elles peuvent aussi être attachantes comme cette jument et son poulain aux yeux vairons.
Après avoir passé le hameau de Freissinet, nous apercevons enfin Saint-Julien du Tournel dans la vallée.
Il n'y a plus qu'à se laisser descendre !
Voici la mairie, la journée se termine et nous en garderons un souvenir vivace, merci Milou de ce voyage dans le temps et en Baronnie du Tournel.
Merci aussi à nos photographes, Marinette, André, Bernard, Milou et Patrick, ce fut un dur labeur que de choisir parmi les vôtres ces 45 photos.