Il ne fait guère plus de quelques degrés sur la crête qui domine Le Crouzet par ce froid dimanche du 26 novembre. Et pourtant, nous sommes 17 Randonneurs de la Fare bien décidés à reprendre nos sorties récemment mises à mal par les conditions météorologiques.
C'est André Bonnemayre qui nous entraîne derrière lui sur les pistes de l'ancienne baronnie de Cénaret ...
... d'ailleurs, au loin, se dresse le piton de Chastel Viel au sommet duquel avait été établi le château féodal.
La piste, pour l'instant, est bien large et "roulante" ...
... mais il est vrai que nous foulons le GR 670, le Chemin Urbain V, qui vient de Grèzes et file plein est vers Mende en passant par Cénaret.
Une descente rapide nous amène dans le fond du Valat de las Counquettes, c'est, à l'abri du vent, le lieu choisi par André pour nous rappeler l'histoire de la plus petite des huit baronnies du Gévaudan.
Pour son plus grand malheur, la baronnie de Cénaret, connue dès 1152, est coincée entre les terres des évêques de Mende et leurs alliés qui grignotent son territoire. Pourtant, elle a donné de grands noms au Gévaudan, Gilbert de Cénaret, mort en croisade, Guilabert qui relance les travaux de la cathédrale de Mende en 1452 ou Bertrand qui défend brillamment la ville face aux Huguenots en 1567. Puis la baronnie passe dans les mains des barons de Saint-Vidal, quand Antoine de La Tour, baron de Saint-Vidal, sénéchal de France et gouverneur du Gévaudan vient libérer la province des armées de Matthieu Merle.
Mais il est temps de repartir et nous sortons du "talweg" de Counquettes.
Nous nous rapprochons encore un peu ...
... et c'est aussi l'occasion d'ajouter que le château des Cénaret qui surmontait ce piton calcaire sera détruit, en 1597, par Anne de Lévis, duc de Ventadour, un des chefs de guerre d'Henri de Navarre, lors du dernier soubresaut des guerres de Religion en Gévaudan.
Nous contournons maintenant le piton par le nord ...
Une fois le piton passé, nous descendons légèrement ...
... jusqu'à avoir une vue imprenable sur la dent calcaire qui domine Cénaret et la vallée du Lot.
Le paysage de marnes bleues, tourmenté par l'érosion, nous rappelle les reliefs des Bondons et de l'Eschino d'Aze.
André a choisi de nous faire passer par l'ouest du pic de la Vierge de Cénaret, ce qui nous permet d'avoir une vue plongeante sur la vallée du Lot et ses villages ...
... comme le hameau de la Roche.
Nous atteignons Cénaret par l'arrière du four à pain superbement restauré ...
... à l'image du village tout entier où les ruines côtoient le rénové ...
... et le rénové, le résolument moderne ...
... alliant tous les types architecturaux !
En un mot un joli petit village blotti au pied de son éperon calcaire sous la protection de la Vierge (en 1856, après un glissement de terrain, une souscription a permis d'ériger cette statue pour protéger le village).
Mais il est temps de repartir et nous empruntons la route qui descend vers la Baraque de la Planchette ...
En bas, nous retrouvons "Las Counquettes" qui va nous amener à la route du Goudard ...
Quelques vieux bâtiments agricoles rappellent la richesse de ces fonds de "valat".
Nous suivons sur quelques centaines de mètres la départementale 42 et, peu après le Pont de Gachinel ...
... nous empruntons une petite sente qui serpente Lelong du ruisseau du Piboul.
Quelle humidité dans ce "talweg", même les champignons en sont tout retournés !
La montée s'accentue, ...
... et nous passons bientôt au pied du hameau du Piboul, mais, est-ce Piboul ou Pivoul ?
Et voici Le Crouzet ...
... avec cette imposante maison qui a visiblement connu des jours meilleurs, quel dommage !
Ah, il semblerait bien que l'on dise Le Pivoul, l'IGN n'est pas à la page.
Et pourtant, ce hameau du bout du monde, fait la une de certains sites spécialisés sur Internet ...
... notamment chez les passionnés de minéraux.
Car le Pivoul abrite une ancienne carrière de fluorine ou fluorite, certes modeste mais qui fait encore la joie des amateurs.
Encore employée dans l'industrie chimique ou la sidérurgie, la fluorine fait le bonheur des géologues amateurs quand ils trouvent ses magnifiques cristaux, de couleur jaune ici.
Mais il est temps de quitter Le Crouzet, nous ne sommes plus très loin des véhicules, et cette randonnée aura été une reprise parfaite.
Un dernier coup d'œil au Chastel Viel, qui aura été la vedette de la journée, et le moment sera venu de remercier André pour cette belle balade et lui demander d'embrasser Thérèse pour son excellent gâteau.
Merci aussi à Thérèse, André et Patrick pour leurs photos.