Cela faisait longtemps que nous n'avions pas foulé le sol du Causse Méjean et, à Nivoliers, en ce matin du 10 juin, nous étions 15 Randonneurs de la Fare à écouter les explications de …
… Marinette Hugon bien entendu dès lors qu'il s'agit d'arpenter les Causses !
Pourtant, le Méjean n'est pas "comme d'habitude", il est couvert de végétation, signe qu'ici aussi la pluie est bien tombée.
Le résultat est surprenant, mais pas désagréable, le sol restant agréablement souple sous nos pieds !
Nous escaladons les pentes du Montal pour retrouver la départementale 63.
Nous jetons un dernier regard vers Nivoliers dans son écrin de verdure …
… et voici la route et la Croix du Villaret.
Nous prenons la direction du hameau du Villaret où vivait Jean le berger et où le Parc national des Cévennes y présente vie traditionnelle et agropastoralisme.
C'est aussi là que l'association Takh (de takhi, cheval en mongol) a élu domicile et informe sur les chevaux de Przewalski.
De 11 individus, récupérés en captivité en 1993, le troupeau comptait 27 têtes en décembre 2017.
En 2004 et 2005, l' Association a même réintroduit 22 chevaux dans le parc national de Khar Us Nuur, à l'ouest de la Mongolie, ils y sont 67 aujourd'hui. Deux transports de 4 familles ont ainsi été réalisés par avion gros porteurs Iliuchin 76.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l'association : http://www.takh.org/fr/
On y trouve également de beaux vestiges de la vie traditionnelle …
… l'antenne du Parc étant elle-même située dans une belle ferme restaurée.
Nous ne ratons pas l'occasion d'y prendre la pause.
Il est cependant temps de reprendre notre route et nous voilà repartis sur les pelouses d'estive.
L'occasion nous est ainsi donnée de rouvrir notre grand herbier tellement les espèces rencontrées dans la journée ont été nombreuses, ...
… de l'Aster frickartii Mönch ...
… au Miroir de Vénus, de la famille des campanules ...
… en passant par la Jusquiame noire, plante toxique qui entrait selon la tradition dans la composition de "l'onguent des sorcières", ...
… et bien sûr la grande familles des orchidées, ici l'Orchis Ustulata ou brûlée, ...
… la Céphalantère à longues feuilles ...
… ou encore l'Ophris "mouche des Causses".
Un régal !!!
Mais voici le village de Hures et celui de Drigas sur la hauteur, il faut accélérer le pas.
Un peu après le village, nous bifurquons vers le sud en direction des lisières que l'on distingue dans le lointain.
Cette piste devait certainement être très fréquentée dans le passé si l'on en croit les vestiges qui la bordent.
Finalement, a l'abri des couverts, un peu au dessus du hameau de Cazeneuve, nous faisons notre pause méridienne bien méritée.
Nous reprenons notre route dans un paysage désertique, le Méjean est vraiment sauvage dans cette zone protégée du Parc national des Cévennes.
Après avoir passé Cazeneuve, nous arrivons bientôt à Saubert ...
… où nous montons directement vers le vieux moulin à vent. Ces moulins, construits entre les 17° et 18° siècles visaient à nourrir une population en constant accroissement. De plus, pour les hameaux du centre du plateau, aller au moulin de la vallée par les « chemins de la farine », représentait une vraie expédition pouvant demander deux jours.
Le moulin de Saubert appartient à un ensemble de 6 moulins à vent répartis sur le Causse Méjean. Ceux du Pradal (Florac) ou Rieisse (La Malène) sont dans le même état. Celui de la Borie (La Parade) a été restauré et a repris du service. Mais les moulins d’Aures (Gatuzières) et de Pauparelle (Meyrueis) ont totalement disparu. On les devine sur les cartes sous le toponyme de « serre (crête) du moulin ».
Saubert, c'est aussi ce beau pigeonnier qui donne une idée de l'opulence passée du lieu ...
… c'est encore ces détails du passé qui émergent, voici une belle fenêtre qui, à la Révolution, n'a pas dû coûter cher aux propriétaires !
… et partout les caractéristiques de l'architecture caussenarde, ici une belle voûte en coupe !
Peu après le village, nous passons devant une grande "lavogne", elle a été bétonnée par souci d'efficacité certainement.
De nombreuses abeilles sont en train de s'y abreuver ...
… et un peu plus loin, nous découvrons leur résidence, elles n'y sont pas dérangées par les voisins !!!
Nous faisons un point au col entre la Serre des Lattes et le Travers de Aures, la Bégude Blanche doit se trouver droit devant nous, derrière la corne de bois.
Effectivement, nous arrivons bientôt en vue des bâtiments.
La Bégude (abreuvoir) Blanche est une magnifique ferme caussenarde remarquablement restaurée …
… même s'il y a encore du travail.
L'endroit est vraiment isolé, c'est non loin d'ici, qu'en avril 2012, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage avait réalisé des clichés nocturnes de loup confirmant la présence du canis lupus sur le Causse.
Un petit raidillon nous ramène vers le GR 60 …
Fretma est un site agricole historique, en 1796, son propriétaire, Antoine Pellet, protestant et républicain, est tué par les "brigands royaux" de l'Abbé Sollier. Au 19° siècle, il fallait cent moissonneurs pour venir à bout des récoltes, puis de 50 habitants en 1914, le hameau est passé à 6 avant de se vider.
Le début des années 2000, verra s'opposer le propriétaire (depuis 1960), soutenu par la préfecture au Parc national des Cévennes qui veut lui imposer de couper ses arbres. Finalement, il semble que les esprits se soient calmés et c'est vers l'exploitation du pin noir que se tourne le domaine. Les bâtiments connaissent une restauration déjà bien avancée.
Nous quittons Fretma pour gagner la crête du Grand Devès.
Là-haut, le paysage est saisissant, devant nous s'étend l'enclos est des chevaux de Przewalski, la vue porte jusqu'à l'Aubrac ...
… en bas, à gauche, on distingue la Bégude Blanche et, à droite le GR 60 qui file vers Nivoliers.
Il est temps de descendre.
Après avoir rejoint le GR 60 nous traversons le sas qui permet de faire communiquer les deux enclos ...
… un peu plus loin, voici les premières habitations de Nivoliers, il était temps, les premières gouttes commencent à tomber.