Vie du club

Les secrets de la Margeride

Nous sommes 20 Randonneurs de la Fare à profiter du temps splendide de cette matinée du 8 mars à la Bessière sur le GRP Tour de la Margeride.
Nous écoutons les consignes de Patrick Guillou, notre guide du jour, particulièrement satisfait de ce retour en Margeride. Nous allons descendre vers la vallée de la Truyère jusqu'à Serverette puis nous la remonterons pour fermer cette boucle de 11,4 km.

Nous voilà partis sur ces magnifiques pistes sablonnées qui sont un véritable appel à la randonnée tant l'envie est forte d'aller voir ce qui est caché derrière le prochain virage.

L'activité principale ici n'est pas un mystère, nous sommes en terre d'élevage.




La géologie locale n'est pas non plus un mystère, nous sommes en terre de granite et c'est l'érosion de ces énormes blocs qui donne le sable que nous foulons.
Cette érosion est accélérée par les "diaclases" que la roche subit notamment du fait du gel.



Tout là-bas, voici la ferme de Cagnot, nous descendons doucement vers la Truyère ...

... que nous ne tardons pas à atteindre. De l'autre côté de la vallée, voici la Chapelle Saint-Jean le Baptiste. Déjà connue en 1109, elle était la paroisse  du bourg primitif de Serverette qui s'appelait alors la Vachellerie. Le village, abandonné dès le 13° siècle pour le site actuel, cette pauvre chapelle sera ruinée par les Guerres de Religion puis la Révolution. Nous y reviendrons.





Après avoir quitté la piste, nous montons maintenant vers la Nécropole de Cagnot, connue dès le début du 19° siècle sous le nom de "Sarcophages de Roudils".






 Situé sur une propriété de Paul Ramadier, ministre du travail du Front Populaire et premier Président du Conseil de la 4° République, le site a été redécouvert en 1942. Fouillé puis mis en valeur par une association, il propose aujourd'hui vingt sarcophages creusés dans le granite. Ces sépultures étaient vides et sans "couvercle" lors de leur inventaire.
 La nécropole de Gagnot n'est pas isolée dans la région. En la rapprochant d'autres sites, Mas Bousquet à Saint-Germain du Teil ou Saint-Floret dans le Puy de Dôme, les chercheurs la situent entre 481 et 511, en plein Haut Moyen-âge.





Principalement anthropomorphes, céphaloïdes, ou avec logettes céphaliques ou oreillers, ces tombes ont toutes un orifice pour évacuer les restes du défunt et l'eau de ruissellement.
Une perle d'origine phénicienne fut découverte dans l'une d'elles, vraisemblablement une femme enterrée avec ses bijoux.
Un grand merci à l'association qui entretient ce morceau de notre histoire et au propriétaire des lieux qui autorise les visites. 






 C'est vraiment l'endroit idéal pour notre photo de groupe. 
Patrick n'est pas souvent sur les photos, mais quand il y est, on ne peut pas le rater !
 






 Est-ce la proximité de midi ou la forme "hamburger" suggestive de certains rochers ?
C'est clair, il est l'heure de manger.





Nous nous installons au soleil sur un sol particulièrement confortable et propice à la détente.






Restaurés, nous reprenons notre marche vers la ferme de Cagnot que nous passons ...







... pour arriver en vue de Serverette. Nous apercevons le "Grand Logis" au sommet de l'éperon rocheux sur lequel devait déjà exister un oppidum gaulois. Cerveireta, lieu fréquenté par les cerfs, et son château féodal, gage de sécurité, a drainé la population de la Vachellerie à l'abri de ses murailles.


 Au 13° siècle, c'est chose faite, le bourg castral se forme derrière une enceinte renforcée de 7 tours et coupée de 7 portes, autant que de co-seigneurs du "mandement" de Serverette. La chapelle castrale va devenir l'église paroissiale Saint-Vincent.
Au cours de la Guerre de Cent Ans, les Armagnacs assiègent le bourg tenu par les Bourguignons (ceux qui ont livré Jeanne d'Arc aux Anglois), le château est incendié en 1419. Reconstruits en 1440, les remparts seront à nouveau abattus par le Capitaine Merle entre 1578 et 1579. La Révolution détruira ce qui reste. En 1820, Antoine Blanquet de Rouville fait construire le "Grand Logis" qui sera acheté par les Ursulines en 1836.
Ici, la "douplo" la plus ancienne rue du bourg.
 



 Dès le 16° siècle le développement du commerce des étoffes de laine, "serges" ou "cadis", va faire la richesse de Serverette. En 1824, le village comptait 997 habitants dont 60 tisserands. Mais l'introduction du Métier Jacquard va mettre un terme à cette prospérité.



Serverette ne s'en relèvera pas, en 1897, le chef lieu du canton est transféré à Saint-Alban et en 1910 la gendarmerie ferme. Avec ses 300 habitants le village compte aujourd'hui 210 habitations dont 110 secondaires. 
Mais "Lous Grals*" habitent une perle patrimoniale qui mérite un détour et il ne fait aucun doute que les touristes ne soient un jour nombreux au rendez-vous de la mémoire.
* les corbeaux en occitan figurent sur les armes de la ville et font référence aux oiseaux qui ont empêché que la dépouille de Saint-Vincent ne soit dévorée par les bêtes sauvages.


Nous descendons vers le Moulin du Bayle pour rejoindre la D806...







... que nous suivons sur quelques centaines de mètres.








Peu après le Vanel, nous ne pouvons pas rater le Rocher de Saint-Jean, chaos granitique classé site pittoresque protégé.

Un peu plus loin, nous voici en dessous de la Chapelle Saint-Jean aperçue ce matin. Nous apprécions mieux ce fleuron du Roman classé monument historique en 1932. D'autant plus qu'il semble bien que les travaux de restauration soient en cours.





Le portail roman à "voussures nues" est surmonté d'une baie et encadré d'imposants contreforts qui laissent supposer la présence d'un clocher peut-être abattu à la Révolution.Les constructions latérales datent du 15° siècle.









L'intérieur offre un bel ensemble architectural. La nef témoigne du remaniement : la voûte est en berceau brisé. Elle se compose de trois travées séparées par des arcs doubleaux qui reposent sur des colonnes engagées à chapiteau.
Le cœur est voûté en cul-de-four et renfermerait dans son sous-sol le caveau des seigneurs de Bois-du-Mont.

Il s'y dit encore une messe à la Toussaint. 














Nous reprenons notre marche en remontant maintenant le cours de la Truyère ...






... qui s'étire en lacets paresseux sur notre droite.

En couleur, c'est bien aussi !







Un peu plus loin nous franchissons la rivière qui sort de petites gorges sous le hameau de la Malène.











Tandis que nous montons vers la Mannette, notre attention est attirée par un flot tumultueux qui coule sur notre gauche.
C'est le ruisseau du Grenaldès, mais comment un si petit cours d'eau peut-il avoir un tel débit ?










La réponse se trouve sur la carte, il existe une prise d'eau venant du Lac de Ganivet qui renforce le débit de la Truyère pour alimenter les installations hydroélectriques. Il en est de même entre le Lac du Moulinet et le Triboulin.
Cette concession existe depuis la fin des années 50.



Nous traversons la Manette mélange d'habitat neuf et ancien particulièrement bien rénové.

Nous continuons notre route au milieu de champs d'où émergent d'impressionnants chaos de granite.


Un dernier coup d'oeil aux Monts de Margeride tout là-bas ...







... et nous pénétrons sous les couverts qui vont nous conduire à la D50.








Nous sommes devant la Baraque de Fontbonne. Les baraques jalonnaient le tracé des grandes drailles et abritaient les bergers lors des transhumances qui devaient respecter une stricte discipline quant aux lieux de passage et de pâture. Nous sommes ici sur les Drailles de Margeride tributaires de la "Collectrice de l'Asclié", qui depuis la Crau et le Gard conduisait les troupeaux jusqu'ici par Aire de Côte, Florac, Balsièges et la Boulaine.






Nous nous engageons sur la départementle.
Mais où est passé le chien ?







Un peu plus loin, voici la Baraque de Pécoulon.








Après moins d'un kilomètre, nous quittons la route pour retrouver le GRP Tour de la Margeride.







Au loin, sur notre gauche, voici la Bessière.








Encore une ligne droite et ...








... nous voici aux véhicules où il sera temps de remercier Patrick pour cette belle randonnée et ce retour en Margeride qui a tant de secrets à dévoiler.
Et il sera temps de faire honneur aux délicieux cakes préparés par Magali, des valeurs sûres, cake aux poires et pépites de chocolat et cake à l'orange.

Merci également à Magali, Thérèse, André, Jean-Luc, Milou et Patrick pour leurs photos.