Vie du club

Sainte-Lucie par le Val d'Enfer

C'est bien cela, nous ne sommes que 5 Randonneurs de la Fare, au Pont de Travette, en cette matinée du 1er mars, pour écouter les consignes de Lucien Bergounhon qui va assurer la première partie de notre périple. La météo plus qu'incertaine et les 750 mètres de dénivelé annoncés ont-ils eu raison des bonnes volontés ?
Compte tenu de ces paramètres, Lucien a aménagé le parcours et le dénivelé sera plus faible.
 
C'est pourquoi, après un court passage sur les hauteurs, nous retrouvons la route de Saint-Léger-de-Peyre à hauteur des ruines de l'abbaye du Chambon.
Fondée au 12° siècle, cette abbaye bénédictine, partiellement détruite pendant les Guerres de Religion, connaît son apogée au milieu du 17° siècle et comptait plus de 50 moniales. Il n'y en avait qu'une dizaine à sa fermeture en 1792.

Lucien connaît bien "sa vallée" et il nous fait faire un "tour du propriétaire " très complet. Il nous parle déjà des mines de plomb argentifère qui auraient existé ici dès l'époque gallo-romaine.
 
Nous ne tardons pas à arriver en vue de Saint-Léger-de-Peyre.
 

 


Avant de traverser le pont sur la Crueize …







 
 
 
 
 


… nous nous engageons sur un petit sentier qui court derrière les habitations.






 
 



Nous progressons le long de la rivière sans jamais trop nous en éloigner.







Parfois le sentier se resserre le long des escarpements rocheux.



















C'est bien un petit canal qui longe la piste, les anciens avaient creusé ce "bief" pour l'irrigation des jardins en aval.











L'absence de végétation nous permet d'avoir en permanence des vues sur l'autre côté du "Val d'Enfer".









Un peu plus loin, nous quittons la piste pour descendre vers la rivière.










Nous arrivons vers ce qui semble être une piste, en fait nous venons d'entrer sur le site de la mine de Chaudeloup. En 1879, lors du percement du tunnel de la voie ferrée qui se trouve à la verticale de notre position, les ouvriers ont découvert une énorme veine de plomb. Des entrepreneurs locaux ont tenté, sans grand succès, d'exploiter ce filon en partant des failles le long de la rivière.


En 1936, Georges Bigot va relancer l'exploitation avec le professionnalisme de l'ancien directeur des mines de Lens qu'il était. Son premier travail va être de construire une voie de wagonnets pour extraire le minerai, notre piste est en fait le tracé de cette voie.
Nous arrivons vers ce qu'il reste de la culée d'un pont …




… qui permettait aux wagonnets de franchir la rivière pour atteindre une laverie qui se trouvait de l'autre côté.






Il ne reste plus grand chose aujourd'hui, mais pour l'époque cela devait permettre d'extraire journellement 40 T de roches dont on devait tirer 2 T de plomb et 5 kg d'argent pour que l'exploitation soit rentable.














Nous remontons la rivière sur une centaine de mètres ...







… et nous sommes maintenant à hauteur de Cibrun sur l'autre rive ...

… et voici l'entrée de la mine de Chaudeloup, ou l'une des entrées, car pour optimiser le travail, Bigot avait fait creuser plusieurs niveaux d'excavation, - 22 m, 22, 45 et 65 m et le niveau 0 devant lequel nous nous trouvons.

Jusqu'à 35 personnes ont travaillé sur le site, mais dans ces boyaux deux mineurs seulement pouvaient creuser ensemble.
Le seuil de rentabilité ne sera jamais atteint, 1 T de plomb et 1 kg d'argent seulement sortaient de la mine. L'exploitation ne durera que trois mois et la mine fermera dans le milieu des années 40. Les galeries et les autres entrées seront alors dynamitées.









Nous reprenons notre montée et un peu plus loin, ...










… Lucien nous fait arrêter devant un cratère, c'est ce qu'il reste de l'entrée du niveau +45 m après son dynamitage.






Vers la fin des années 1980, la mine fut retravaillée, de manière illégale au début, pour les spécimens minéralogiques. Le gisement était connu pour un minéral peu commun, la stolzite, un tungstate de plomb. C'est par ce cratère que les chercheurs de minéraux rares rejoignaient les anciennes galeries.





Il fut découvert ici des spécimens mondialement connus de l’espèce, aussi bien en taille, plus de 7 cm, qu’en esthétique, la stolzite orangée.

Si vous voulez en savoir plus et plonger dans les entrailles de Chaudeloup, recopiez le lien ci-dessous et regardez la vidéo. https://danielgol.com/souvenirs.php?item=stolzite
 

Nous avons repris notre ascension et nous croisons des ruines qui furent autrefois le camp de base des ouvriers de la voie ferrée.

D'ailleurs, nous arrivons à la voie ferrée et nous en profitons pour prendre la pose.

Nous poursuivons notre montée au milieu d'une belle hêtraie, la piste se fait plus large ...

... et, en sortant du bois, nous apercevons les premières maison de Sainte-Lucie.


Ici, c'est Bernard Nègre qui "prend la barre" car il est un "régional de l'étape".
En effet, il fait partie de l'association les Amis de Sainte-Lucie qui oeuvre à la conservation, la restauration et la mise en valeur du site.
Cela nous permettra aussi de déjeuner à l'abri !!!




En effet, après avoir admiré une magnifique grange transformée en salle d'exposition, nous arrivons à la porte du presbytère en même temps que la pluie, c'est normal, il est 13h00 et c'est ce que prévoyait la météo. Mais Bernard, lui, a les clefs.

Il y a de l'ambiance à la sacristie !

Le repas terminé, nous visitons cette belle petite église dédiée à Lucie de Syracuse vierge et martyre, torturée et mise à mort sous Dioclétien vers 303 pour ne pas avoir abjuré sa foi.
 
En sortant, nous passons devant une magnifique demeure, et, "séquence émotion", c'est ici que Bernard a passé son enfance. Il ne la quittera qu'en 1963.  








Nous poursuivons vers l'école ...













… et le four, restauré par l'association il sert de support tous les ans à la fête du pain.







Alors que nous passons devant l'enclos des cervidés, la pluie se remet à tomber …
 





… et c'est sous une averse de grêle et un vent violent que nous quittons le village.








Nous ne tardons pas à arriver au deuxième parc à loups, qui, à l'abri sous les arbres, nous regardent passer avec circonspection.








Le terrain devient plus gras !








Une légende prétend que le nom de Val d'Enfer viendrait de celui que les Gabales faisaient vivre aux légions romaines qui traversaient la contrée en suivant une des Via Agrippa. Et sous cette pluie devant ce paysage rude et austère on ne peut que penser aux conditions dans lesquelles nos ancêtres y vivaient !

Là-bas, voici le Truc du Midi, la pluie s'est calmée, nous ne sommes plus très loin.

Effectivement, voici les Gratoux ...

... puis la route et Marvejols dans le fond.
Arrivés aux véhicules, il nous restera à remercier Lucien et Bernard de cette belle randonnée qu'il aurait été dommage de rater. De les remercier aussi de nous avoir fait partager leur passion pour leur région et son patrimoine.

Merci à Lucien et Patrick pour leurs photos.