Nous sommes 15 Randonneurs de la Fare, en ce matin du 24 avril, rassemblés à la sortie de La Cavalerie.
Nous écoutons André Bonnemayre nous présenter le Causse du Larzac,ce vaste
plateau calcaire datant de l'ère jurassique (-201 à -145 millions d'années) qui reste le plus vaste et le plus méridional de tous les causses.
Bien que la température ne soit pas hivernale, un fort vent de nord-ouest balaie le plateau et c'est en "configuration grand-froid"
que nous effectuons notre mise en jambes.
Nous voici bientôt à la Mare du Lavagnol, une "lavogne" qui vient nous rappeler l'activité pastorale du causse.
Mais comme sur tout relief "karstique", les dolines conviennent bien à diverses cultures : légumineuses ou céréales.
Lors de notre première halte, personne ne retire "une couche", au contraire, un café bien chaud est le bienvenu pour réchauffer les organismes.
Nous entamons notre descente vers la vallée du Cernon, ce qui nous protège du vent qui n'a pas faibli.
Devant nous voici Lapanouse-de-Cernon et derrière l'entrée des gorges par lesquelles la rivière va se frayer un chemin vers l'ouest.
Sur l'autre versant, on devine l'ancienne voie ferrée du Vigan et ses viaducs. Une activité sportive, dite vélo-rail, assure avec succès sa reconversion estivale auprès des touristes.
Alors que nous approchons du Frayssinet, un chevreuil s'enfuit à notre vue. André, grand chasseur d'images devant l'Eternel, capturera cet instant magique.
Nous atteignons la départementale 77 au Hameau de Saint-Pierre dominé par cette petite chapelle étonnante de simplicité.
Nous remontons maintenant le cours du Cernon qui coule bruyamment en contrebas. Cette "usine élévatoire" a pour mission d'alimenter en eau potable le Camp du Larzac !
Et nous voici en vue de Sainte-Eulalie-de-Cernon.
L'heure du déjeuner ayant sonné, nous nous installons au soleil sur la place de l'église devant la Commanderie. Merci à André et Frédéric d'avoir contribué à nous réchauffer.
Mais il est bientôt temps d'écouter André nous parler de l'implantation de l'Ordre du Temple à
Sainte-Eulalie-de-Cernon dès 1151.
En 1158, Raymond Béranger, roi d’Aragon, pour remercier l'Ordre de son aide dans la lutte contre les Sarrazins, leur donne la ville de Sainte-Eulalie, et la terre dite "Larzac" qui l’entoure.
Les Templiers vont y construire une grande commanderie et organiser le territoire du Larzac. La Commanderie deviendra une des plus puissantes du Sud de la France, participant au financement des activités de l'Ordre en Palestine.
A côté, se trouve l'église, reconstruite par les Templiers lorsqu’ils se sont installés à Sainte Eulalie au XII° siècle.
Sa particularité est son entrée qui a été percée tardivement dans le chevet d’origine, en 1641, par le commandeur Jean de Bernuy-Villeneuve qui a fait inverser son sens pour que le portail d’entrée ouvre sur la place. Cette grande porte est surmontée d'une Vierge venant de Gênes et d'un vitrail à croix de Malte.
Elle est inscrite aux Monuments Historiques depuis 1927.
Sa particularité est son entrée qui a été percée tardivement dans le chevet d’origine, en 1641, par le commandeur Jean de Bernuy-Villeneuve qui a fait inverser son sens pour que le portail d’entrée ouvre sur la place. Cette grande porte est surmontée d'une Vierge venant de Gênes et d'un vitrail à croix de Malte.
Elle est inscrite aux Monuments Historiques depuis 1927.
Puis nous déambulons dans les rues du village pour essayer d'en trouver les "trésors"...
... comme cette maison du XV° siècle.
Enfin nous nous regroupons devant la Porte Principale afin d'y admirer les fortifications érigées par les chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dès 1442. (Après l'arrestation des Templiers (1307) et la dissolution de l'Ordre par le Pape (1312) ce sont les Hospitaliers qui vont hériter des possessions du Temple et continuer leur œuvre).
Cela vaut bien une photo !
Mais il est temps de reprendre notre marche.
Tiens les bonnets ont refait leur apparition !
La piste s'élève et nous quittons la vallée du Cernon ...
La pente se fait plus raide, il nous faut "avaler" maintenant les 220 mètres de dénivelé positif prévus au "menu" de notre randonnée
Un dernier regard vers Sainte-Eulalie ...
... et nous pénétrons sous les couverts. Nous allons pouvoir nous y livrer a une petite leçon de botanique.
D'abord en cueillant des tamiers communs (en Occitan, repountchou ou reponchon) qui pullulent le long du chemin.
Les jeunes pousses peuvent être consommées comme des asperges et le rhizome était employée en médecine populaire pour soigner les contusions, d'où son autre nom d’herbe aux femmes battues.
Puis c'est le moment d'admirer quelques orchidées sauvages, le Causse du Larzac abrite en effet quelque 45 espèces des 80 répertoriées en France.
Ici une orchidée mâle ...
... et là une orchidée pourpre( orchis purpuréa)
Voici de la moutarde qui recouvre les prairies de pâture ...
... et l'astragale de Montpellier qui se niche entre les rochers.
Entre temps, nous sommes revenus sur le plateau ...
... et nous franchissons l'autoroute 75 à hauteur de la Mare du Fromentalou, une lavogne qui sert de réceptacle aux eaux de pluie.
Nous retrouvons La Cavalerie et faisons le tour du bourg ancien.
Vraisemblablement fondée vers 1154, la Maison du Temple de La Cavalerie n'avait pas l'importance de la Commanderie de Sainte-Eulalie. Cependant, l'ancien château des Templiers devint, vers 1330, le centre d'une Commanderie, qui ne tarda pas à acquérir une très grande importance, grâce à l'adjonction de diverses possessions de l'Ordre de Saint-Jean dans les environs.
La réhabilitation de son centre historique et de ses remparts, a valu à la commune d'obtenir en 2009, le premier prix national des Rubans du Patrimoine et la Marianne d'Or.
Et cette récompense n'est pas usurpée.
Cette maison rénovée au XV° siècle, située en face de l'église, faisait partie du vieux château templier. Avec un pan de mur de l'église édifiée en 1180, c'est tout ce qu'il reste de la présence des Templiers.
Et sur cette vieille porte, des" cardabelles", le propriétaire avait vraiment besoin de protection !
De son vrai nom Carline à feuilles d’acanthe, la "cardabelle" est dite "baromètre du berger" et supposée porter bonheur.
Autrefois, on mangeait son cœur comestible et ses feuilles épineuses servaient à carder la laine des moutons, d'où son nom.
Nous sortons du bourg par la Porte Majeure dont la tour date du XVII° siècle, contrairement au reste des remparts qui ont été dressés à partir de 1435.
Nous longeons les murs flanqués de leurs tours d'angle ...
... et nous voici devant l'ancienne halle entièrement restaurée, le parking est à côté.
Il nous restera à remercier André de cette belle randonnée sur le causse et d'avoir su nous faire remonter le temps. Il ne fait nul doute qu'il aura donné à tous l'envie de revenir à la rencontre des Templiers. Merci aussi à Thérèse pour son gâteau qui aura clos la journée de la meilleure des manières.
Merci également à nos photographes, Geneviève, Marinette, André et Patrick.