Bienvenue sur le site officiel des randonneurs de la Fare de Chirac.
Nous sommes un club de marcheurs qui vous propose de découvrir la Lozère et ses environs à travers des randonnées pour tous, et de niveaux variés.
Nous sommes 16 Randonneurs de la Fare à avoir suivi Marie-Françoise Mercier et Bernard Nègre jusqu'en Aveyron par cette belle journée du 7 novembre. Le programme est alléchant avec cette boucle autour d'Estaing un des plus beaux villages de France.
Fief, connu dès 1028, de l'une des plus puissantes familles du Rouergue, Estaing est indissociable de l'histoire de cette dernière. Le village a conservé les armoiries des Estaing qui auraient été accordées par le Roi Philippe-Auguste après que Dieudonné d'Estaing lui eut sauvé la vie à la Bataille de Bouvines en 1214.
Nous nous avançons sur le pont qui franchit la Coussane, admirant au passage cette Vierge à l'Enfant de François Mahoux (1866).
Ici commence le Quai Amiral d'Estaing. Il a connu son heure de gloire en battant les Anglais à la Grenade, mais aura une attitude ambigüe lors de la Révolution. Il sera guillotiné en 1794 et, avec lui, s'éteindra la lignée légitime des d'Estaing.
Au bout du quai, voici le pont construit en 1490 qui permettait aux pèlerins de Compostelle de franchir le Lot et de poursuivre leur route vers Conques. Sur le pont trône une statue de François d'Estaing, évêque de Rodez de 1504 à 1529, c'est lui qui ramènera à Estaing les reliques de Saint-Fleuret, le Saint-Patron de la ville. L'ouvrage est classé depuis 2005.
Une croix orne aussi le pont en face de la statue de l'évêque. Elle a inspiré le joailler Henri Lesieur (1908-1978) pour créer, en 1958, un bijou destiné à son épouse. Le succès de "la Croix d'Estaing" fut tel qu'elle est devenue une véritable tradition.
Mais nous reviendrons plus tard pour visiter le village, pour l'heure, il faut nous mettre en route.
La montée de la rue d'Oultre est un véritable voyage vers le moyen-âge, entre maison à tourelle et toit à "la Philibert de l'Orme".
Les soirées lors des "Médiévales", premier week-end de septembre, ne doivent pas être tristes !!!
Mais dès que nous quittons les dernières maisons, une pente "sérieuse" vient nous rappeler ce que nous sommes venus faire ici.
Et cela en vaut la peine, le point de vue sur Estaing est vraiment de toute beauté.
Nous remontons maintenant les hauteurs de la Gaillouste vers le nord, la vallée du Lot sur notre gauche.
Peu après une cabane de berger, une trouée nous permet de découvrir ...
... la vallée du Lot et la rivière qui, après la Rouquette et Carmarans, s'engouffre dans les gorges qui vont la conduire jusqu'à sa confluence avec la Truyère.
Et, sur notre droite, voici le hameau de l'Ouradou et sa belle petite chapelle Saint-Jean et le curieux toit qui protège son clocher mur. Construite à partir de 1524 et consacrée en 1529 par l'évêque François d'Estaing, elle est classée depuis 1997.
Après avoir traversé la D97, nous poursuivons notre route sur une piste bien agréable ...
... qui nous permet de faire le tour de la cuvette de Mal Pas. Dans le fond, on aperçoit le clocher de la chapelle de l'Ouradou que nous avons quittée tout à l'heure.
Un peu plus loin, sur l'adret, voici une partie du vignoble d'Estaing qui fit autrefois sa prospérité. Aujourd'hui, avec une vingtaine d'hectares, une cave coopérative qui regroupe 7 exploitants et vinifie de 500 à 600 hectolitres par an, le vignoble est l'un des plus petits de France.
Une descente un peu abrupte nous ramène vers la vallée ...
... au niveau de la Croix Marie.
C'est là que nous allons descendre vers la Coussane ...
... avant de la franchir ...
... et de remonter sa vallée en profitant des derniers flamboiements de l'automne.
Nous voici au hameau de Tabust, ...
... c'est ici que nous ferons notre pause-déjeuner, bon appétit à tous.
Nous reprenons notre périple en traversant la vallée de la Coussane.
Un dernier regard pour ses granges qui sont si belles quand elles ne sont pas en ruines !
Et nous attaquons maintenant une longue montée qui va nous ramener vers les crêtes qui dominent le Lot
La pente qui s'accentue nous permet de découvrir Tabust dans son ensemble.
Finalement, après un dernier effort, nous arrivons à la Croix du Viala. La vue est superbe sur la vallée du Lot, et plus loin, les hauteurs entre Causse de Séverac et Causse Comtal.
Peu après la Ponsarderie, sommes-nous devant une base aérienne ? Plus sûrement face au domaine d'un passionné.
A droite, nous avions tous reconnu un Étendard IV de l'Aéronautique Navale. Ce chasseur embarqué construit par Dassault restera en service de 1958 à 2000.
Quant à l'autre, le Fouga Magister il est plus connu sous cette livrée de la Patrouille de France. Avion d'entraînement conçu en 1950, il servira dans une vingtaine de pays. En France, il sera remplacé par l'Alphajet en 1980.
Peu après nous arrivons au dessus de Vinnac, un beau petit village qui surplombe la vallée du Lot.
Il est surtout connu pour sa belle église Saint-Blaise, construite au 12° siècle et remaniée en 1616, après un incendie. Elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis
Mais le plus surprenant reste cette ligne de modillons, typique des églises romanes, représentant un bestiaire fantastique, qui entoure l'ouvrage. Un modillon est une avancée qui soutient une corniche, il se différencie du corbeau par le fait qu'il est sculpté.
Sur ce versant, bien exposé, on pourrait se croire sous un climat méditerranéen !
Peu après les hameaux de Montrepos et Montplaisir, tout un programme, nous nous engageons sur une sente qui va nous ramener vers Estaing au travers des bois de la Parfaiterie.
Sur ces pentes, les anciens ont adapté leur agriculture en "bancels" et il n'y a pas un centiare de perdu.
Avec cette "chazelle", typique des paysages agricoles des causses, on pourrait se croire sur le Poujoulet !
Nous finissons par sortir des couverts ...
... et nous sommes de retour à Estaing. La vue du château nous rappelle qu'une autre famille est indissociable aujourd'hui du village, ce sont les Giscard. Le premier connu est François Giscard, marchand calviniste originaire de Marvejols où il se marie en 1632. Son descendant, à la 6ème génération, Martial va se marier, en 1818, dans le Puy de Dôme, avec Elise, fille de Guy Cousin de la Tour Fondue, seigneur de Murol et de Salles et de Lucie-Madeleine d'Estaing. C'est de cette dernière, arrière-arrière grand-mère du père de notre Président, que les Giscard relèveront le nom en 1922. Elle était la filleule par procuration de l'amiral d'Estaing et de sa demi-sœur, Lucie-Madeleine, bâtarde légitimée, et pourrait être apparentée à la famille d'Estaing. Ouf, il faut suivre !!!
Le fils de Martial, Théodore, quittera le Gévaudan pour s'établir dans le Puy de Dôme où il donnera naissance aux trois branches des Giscard-d'Estaing que l'on y connait encore.
C'est vraiment l'endroit idéal pour une photo de groupe, merci Marie-Françoise.
Nous descendons le long de la Coussane et les belles maisons qui la bordent, ...
... pour arriver au pont après lequel elle se jette dans le Lot.
Notre boucle se termine ici, mais il nous reste, après avoir déposé les sacs, à aller voir les principaux édifices du village.
Nous commençons par la Mairie, qui était une collégiale, de style Renaissance, construite entre 1520 et 1530, et était associée à la chapelle de l'Ouradou que nous avons vu ce matin. Le bâtiment a été inscrit en 1975 au titre des monuments historiques.
Puis nos pas nous mènent devant l'église Saint-Fleuret. De style gothique, elle a été construite au 15° siècle pour abriter les reliques du Saint, le patron de la cité. Elle abrite aussi six retables des 17° et 18° siècles. Les vitraux sont de Claude Baillon, maître-verrier contemporain (1939) qui s'efforce d'associer modernité et tradition. Elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1927.
Saint-Fleuret évêque d'Auvergne est mort à Estaing en 621 en rentrant de Rome. Ayant accompli plusieurs miracles dans la cité, celle-ci le choisit comme saint-patron, il y a sa procession tous les premiers dimanches de juillet.
Sur le parvis se trouve la copie d'une croix calcaire quadrilobée, datée du 16° siècle représentant un Christ en croix. Le détail intéressant est le petit personnage en bas à gauche le long du bras : son large chapeau rejeté en arrière le désigne comme un pèlerin de Compostelle.
L'original, inscrit au titre des monuments historiques est conservé dans la crypte de l'église.
En face de l'église se trouve l'entrée du château. Depuis l'origine, le village s'organise autour de l'édifice qui a été classé en 1945. Il date du 15° siècle mais sa construction s'est vraisemblablement faite autour d'un donjon préexistant. La complexité de son architecture, de ses matériaux, tantôt schiste, calcaire ou grès rouge, et sa tour centrale flanquée d'échauguettes en font un monument singulier qui mérite une visite. Vendu en 1836 aux sœurs de la congrégation Saint-Joseph d'Estaing, celles-ci le céderont en 2000 à la commune.
En 2005, la SCI du Château d'Estaing formée autour de Valéry Giscard d'Estaing, son frère Olivier et son cousin Philippe, rachètera le monument à la ville. Depuis 2012, il est la propriété de la Fondation Valéry Giscard d'Estaing créée en 2011 et que dirige aujourd'hui Louis le fils de l'ancien Président de la République. Notons que la famille possède aussi, entre autres, le château de Murol en Saint Amant, acheté en 1921 par Edmond et René Giscard, le père et l'oncle de l'ancien Président. Le château appartenait au sieur de La Tour, Fondue, le père d’Élise, l'épouse de Martial Giscard.
Voilà, il nous faut maintenant retourner aux véhicules, savourer la collation préparée par Marie-Françoise et Bernard, et surtout, les remercier pour cette belle randonnée, véritable rencontre avec l'Histoire.
Un grand merci également à Marinette, Bernard et Patrick pour leurs photos.